« Il faut ame­ner plus de femmes à des postes de ma­na­ge­ment et de di­rec­tion »

Interview19 juin 2023

Karim Abdelatif, directeur des ressources humaines de la Vaudoise Assurances, porte un regard sur une entreprise où les femmes représentent aujourd'hui un tiers des managers. Il explique dans l'interview pourquoi l'égalité salariale est totale à la Vaudoise et comment on peut déjà intervenir dans les écoles pour que les choix professionnels soient moins sexués.

Depuis la révision de la Loi sur l’égalité des sexes, les entreprises de plus de 100 employés sont tenues de procéder à une analyse de l’égalité salariale tous les quatre ans. En 2023, les sociétés cotées devront pour la première fois fournir des informations sur leurs conclusions. Quels ont été les résultats de la Vaudoise ?

L’égalité salariale et plus globalement l’égalité des chances ont toujours été au cœur de notre politique RH. En 2018, nous avons voulu nous assurer que nos pratiques correspondaient pleinement à nos ambitions et nous sommes très heureux d’avoir été la première compagnie d’assurances nationale certifiée Equal-Salary. En 2021, au travers de Logib, l’outil d’audit développé par la Confédération, nous avons confirmé que nos pratiques salariales étaient parfaitement égalitaires (écart entre hommes et femmes de 0,1 %).

Karim Abdelatif, Direktor Human Resources, Vaudoise Versicherungen

Quelles mesures spécifiques chez la Vaudoise contribuent à l’égalité salariale dans l’entreprise ?

À l’embauche, nous traitons les candidatures féminines et masculines exactement de la même façon. Dans le cycle de vie, nous veillons à ce qu’il n’y ait pas de biais dans les augmentations de salaire ou l’évaluation des objectifs ni de disparités dans l’accès aux promotions.

Outre l’égalité salariale, la compatibilité entre vie familiale et carrière professionnelle est également un enjeu majeur. Qu’est-ce qui distingue la Vaudoise dans ce domaine ?

Afin de permettre à chacun, femme ou homme, de concilier vie professionnelle et vie privée, nous considérons que tous nos postes peuvent être occupés à 80 %. Si une personne travaille à 100 %, jamais nous ne refusons de réduire un temps de travail dans cette proportion. Par ailleurs, notre politique de télétravail et la libération du timbrage que nous avons offerte aussi largement que possible créent pour nos collaboratrices et collaborateurs un environnement de travail très flexible.

Que signifie « compatibilité » pour vous personnellement ?

La compatibilité, c’est de pouvoir concilier des engagements professionnels et privés ou dit autrement de ne pas être contraint de renoncer à l’un pour faire avancer l’autre.

Dans l’assurance, à travail égal, salaire égal

Défenseur de l’égalité salariale et de la conciliation entre la vie privée et la vie professionnelle, le sec-teur de l’assurance s’investit en la matière, notamment en proposant des modèles de travail attractifs. Une enquête récente de l'Université St. Gall montre que la différence salariale inexplicable dans le secteur de l'assurance est de 2,95 pour cent, ce qui est nettement inférieur au seuil de tolérance de 5 pour cent accordé par la Confédération. Le principe selon lequel « à travail égal, salaire égal » est donc respecté.

Où voyez-vous encore un besoin d’action ? Quels sont les défis auxquels nous sommes confrontés ?

Je vois trois défis de nature très différente.

Le premier est d’amener de plus en plus de femmes vers des postes de management et de direction. À la Vaudoise, les femmes représentent aujourd’hui le tiers des managers et leur nombre a été multiplié par quatre depuis l’an 2000. Ces femmes managers ou dirigeantes montrent la voie et leur mouvement crée indubitablement un cercle vertueux.

Le deuxième consiste à harmoniser les bonnes pratiques et potentiellement à légaliser autour d’un certain nombre d’entre elles ; cela a par exemple été le cas pour le congé paternité. Peut-être faut-il ouvrir d’autres droits qui favoriseront une plus grande mixité dans les différents métiers et aux différents niveaux hiérarchiques de l’entreprise.

Enfin, je crois que l’école est un lieu fondamental. Probablement faut-il faire auprès des filles et des garçons la promotion de certains domaines de façon que les orientations soient moins genrées qu’elles ne le sont encore aujourd’hui.