«Il faut une cer­taine flexi­bi­lité de part et d’autre pour tout me­ner de front»

InterviewArchives01 juillet 2019

Dominik Gresch, chef du département de l'assurance-maladie et accidents, et Gunthard Niederbäumer, chef du département des sinistres et de la réassurance, siègent à la direction générale élargie de l’ASA. Ils sont également tous les deux engagés politiquement au sein de leur commune: Dominik Gresch comme conseiller municipal de Zofingen et Gunthard Niederbäumer comme conseil communal de Frick. A cet effet, ils ont réduit leur taux d’occupation et travaillent à respectivement 80 et 90 pour cent.

Monsieur Gresch, vous dirigez le département de l’assurance-maladie et accidents de l’ASA, vous êtes conseiller municipal de Zofingen sous la bannière des Vert’Libéraux, père de deux fillettes et avez présidé le comité d’organisation de la fête de lutte du canton d’Argovie qui s’est déroulée fin mai. Vous arrive-t-il de vous ennuyer?

Dominik Gresch: Non, je n’ai effectivement vraiment pas le temps de m’ennuyer. J’aime m’engager et apporter ma pierre à l’édifice. Et puis, un engagement en entraîne souvent un autre. Puisque j’étais conseiller municipal de Zofingen, on m’a demandé de participer à l’organisation de l’édition 2019 de la fête de lutte du canton d’Argovie qui s’est déroulée fin mai dans la vieille ville. C’était une fête très réussie. Je ne pouvais pas dire non. Et maintenant, j’essaie de rattraper mon retard au travail. Avec les élections du Conseil national à l’automne 2019, il va être bientôt temps de m’attaquer au projet suivant. Sans oublier mes deux filles, qui ont également des attentes justifiées à mon égard.

Monsieur Niederbäumer, depuis quand représentez-vous le PS au sein du conseil communal de Frick? Quelles sont vos motivations pour vous engager ainsi dans le système de milice?

Gunthard Niederbäumer: J’ai été élu au sein du conseil communal à l’automne 2013 et y dirige le département des Affaires sociales, Santé et Séniors depuis le 1er janvier 2014. Je me suis engagé dans l’aventure politique dès 21 ans. J’ai toujours voulu contribuer activement à la vie locale. Lorsque nous habitions encore à Zurich, j’étais vice-président de la coopérative de construction. Quand nous avons emménagé à Frick, mon engagement politique a facilité notre intégration dans la vie du village. Les diverses fonctions occupées m’ont enseigné énormément de choses qui me sont également utiles au quotidien dans l’exercice de ma profession.

Dominik Gresch und Gunthard Niederbäumer

Dominik Gresch, chef du département de l'assurance-maladie et accidents, et Gunthard Niederbäumer, chef du département des sinistres et de la réassurance, siègent à la direction générale élargie de l’ASA

Vous êtes tous les deux membres de la direction générale élargie de l’ASA et travaillez à temps partiel. Que pense l’ASA de votre engagement?

Dominik Gresch: Je constate avec satisfaction que le monde économique évolue, les mentalités changent en ce qui concerne le temps partiel des cadres. En effet, lorsqu'il s’agit de recruter ou de promouvoir un cadre dirigeant, ce sont ses qualifications qui comptent et non son taux d’occupation. Depuis que je suis à l’ASA, j’ai toujours senti beaucoup de considération de la part de mes supérieurs et de mes collègues pour mon activité politique; elle éveille vraiment leur intérêt. Cela s’explique peut-être par le fait que l’association est elle-même engagée politiquement et que son fonctionnement s’appuie sur le système de milice. Car sans l’engagement et le savoir-faire des représentantes et des représentants de nos sociétés membres, nos instances ne fonctionneraient pas. Il est donc cohérent que l’ASA permette à ses collaborateurs d’exercer une activité de milice – comme c’est le cas de Gunthard Niederbäumer et de moi-même.

Gunthard Niederbäumer: Mon ancien employeur déjà, la Bâloise, a toujours soutenu mon engagement politique. J’ai rejoint l’ASA notamment parce que je pouvais attester d’une expérience sur la scène politique. A l’ASA, je me sens énormément soutenu dans mon activité de milice. Car il faut une certaine dose de flexibilité de part et d’autre pour arriver à tout mener de front. Une journée de travail de huit heures ne suffit pas, loin de là.

Dans les médias, on lit souvent qu’il est très compliqué à l’heure actuelle de trouver des personnes prêtes à assumer des fonctions au sein des administrations, des associations ou à s’engager bénévolement. A votre avis, que faudrait-il améliorer pour réveiller les vocations et relancer l’engagement en faveur du bénévolat?

Gunthard Niederbäumer: Je pense qu'il est primordial que l’employeur soutienne l’engagement de son employé. Si ce n’est pas le cas, sans une certaine flexibilité horaire au travail, il est impossible d’assumer en parallèle une fonction de milice prenante comme le fait de siéger au sein de l’exécutif communal. Le bénévolat des candidats devrait davantage être pris en compte lors du recrutement. Obtenir de la reconnaissance pour son engagement bénévole est également très motivant, que ce soit de la part du public, au travail ou dans son cercle d’amis. Cette reconnaissance fait souvent défaut. Une meilleure rémunération des activités de milice ne changera pas grand-chose, ce n’est pas là le cœur du problème.

Dominik Gresch: Certes, mais une rémunération appropriée de l’activité de milice permet de mieux composer avec une réduction du taux d’occupation et donc de compenser financièrement la diminution du salaire. Je connais certains conseillers communaux pour lesquels ce n’est clairement pas le cas. Mais ce qui est encore plus important à mon avis, ce sont la reconnaissance et la considération témoignées, surtout au regard de la complexité croissante de notre monde moderne ainsi que des exigences et des attentes qui y sont démultipliées. Et bien sûr, il faut aussi que l’entreprise soit prête à libérer ses collaborateurs pour qu'ils exercent des activités accessoires ou suivent des formations continues au sein de l’armée et soutiennent ainsi activement le système de milice, contribuant à sa préservation – aujourd'hui, mais aussi demain.