Des né­go­cia­tions la­bo­rieuses et l’es­poir de ré­sul­tats con­crets

Commentaire12 novembre 2021

Les conférences sur le climat, comme la COP26 qui se tient actuellement à Glasgow, rencontrent un large écho dans le public. Le monde entier attend des décisions concrètes et la réussite des négociations. Or, que se passe-t-il dans les coulisses de la conférence sur le climat ?

En tant que climatologue et représentant de l'économie Suisse, c’est ma quatrième participation à une conférence sur le climat comme membre de la délégation suisse. La rencontre de cette année à Glasgow est marquée, d'une part, par le discours officiel omniprésent sur l’urgence climatique et, d’autre part, par la pandémie de coronavirus, comme nous l’avons constaté dès notre arrivée.


Ces dernières années, je me suis souvent rendu en Écosse et, jusque-là, c’était toujours très simple. Le coronavirus complique tout : par exemple, bien que j’aie reçu les deux doses de vaccin, j’ai dû effectuer un test PCR juste avant mon départ et un second un jour après mon arrivée. Par ailleurs, nous les participants, nous devons chaque matin nous soumettre à un test rapide avant de pouvoir pénétrer dans l’enceinte de la conférence. Du coup, rien qu’au cours de la première semaine, j’ai été testé huit fois.


La délégation de négociation de la Suisse comprend douze collaborateurs de l’administration fédérale et trois représentants de la société civile. Avec la moitié de la délégation suisse, je suis hébergé dans un hôtel deux étoiles situé à une trentaine de minutes à pied du lieu de la conférence. La conformité avec les valeurs défendues est donc bien préservée ! Contrairement aux délégations qui ont dû être hébergées à Édimbourg en raison d'un manque de chambres sur place, je ne suis pas obligé de prendre un bus ou un taxi.

Gunthard Niederbäumer

Gunthard Niederbäumer: En sa qualité de représentant de l’économie, il est membre de la délégation de négociation de la Suisse pour la 26e conférence sur le climat organisée par les Nations Unies (COP 26) à Glasgow.

La journée commence à huit heures précises par une réunion de la délégation. Le chef de notre délégation, l’ambassadeur Franz Perrez, passe en revue les principaux thèmes abordés – et les membres présentent l’état d’avancement des négociations auxquelles ils participent. C’est souvent le seul moment où toute la délégation se retrouve, et même le seul point immuable dans notre agenda quotidien surchargé.


Puis, il s’agit d’examiner les textes des négociations, de discuter avec les pays qui sont proches de nous de la tactique à adopter pendant les négociations – et, pour finir, de mener les pourparlers. Les négociations abordant les thèmes les plus importants réunissent souvent jusqu’à une centaine de pays. Certains ont formé des groupes d’intérêt, comme les représentants des petits États insulaires ou ceux des pays africains. Le groupe le plus conséquent est le G-77 qui représente les intérêts de 134 pays en voie de développement. La Suisse a rejoint un groupe composé du Mexique, de la Corée, de Monaco, de la Géorgie et du Liechtenstein. Cela s’est tout simplement présenté ainsi.


Outre les négociations, différents pays et organisations présentent leurs projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre ou portant sur d’autres thèmes scientifiques. À Glasgow, la Suisse est représentée avec un pavillon sur la cryosphère. Des affiches et des conférences viennent illustrer et éclairer la situation des glaciers et des calottes polaires, soulignant le rôle primordial qu’ils jouent pour le climat mondial. Le pavillon a été inauguré par le président de la Confédération Guy Parmelin.

«Pour moi, c’était un moment très spécial d’assister en chair et en os à une conférence où se trouvaient des personnalités comme le président Biden, le Prince Charles et Jeff Bezos.»

La salle plénière accueille les négociations de premier plan, qui sont en grande partie couvertes par les médias. Mardi dernier, j’assistais à la session consacrée à l’importance de l’agriculture et de la sylviculture pour le climat. Ce domaine est essentiel, car il peut servir de puits de carbone majeur. D’ailleurs, Joe Biden et Boris Johnson ont déclaré apporter leur soutien à un projet de reforestation à grande échelle dans le bassin du Congo. Le Prince Charles a également fait une apparition lors de cette session dédiée à la question de l'agriculture et en a profité pour lancer un appel urgent afin que les paroles soient enfin suivies d'actes. Pour moi, c’était un moment très spécial d’assister en chair et en os à une conférence où se trouvaient des personnalités comme le président Biden, le Prince Charles et Jeff Bezos.


En général, notre quotidien est nettement moins glamour, comme je vous l’ai expliqué avec l’exemple des chambres d’hôtel. La plupart du temps, nous débattons pendant des heures dans une salle bondée simplement sur la question de savoir si un point doit être porté à l’ordre du jour – voire, si c’est même bienvenu. Cela requiert beaucoup de patience, mais aussi beaucoup de sensibilité aux subtilités de la langue anglaise. Les décisions importantes, pour autant qu’il y en aura, devraient normalement être prises au cours du sprint final, c’est-à-dire à la fin de cette semaine. Espérons que nous pourrons repartir à la maison avec des mesures concrètes. Il est grand temps.

Ce commentaire est publié en allemand sous le titre "Lettre de Glasgow" dans la Weltwoche du 11.11.2021.