«Nous nous oc­cu­pons des cy­ber­risques et de la si­tua­tion géo­po­li­tique.»

Interview

Nina Arquint est responsable de la gestion qualitative des risques encourus par le groupe Swiss Re et préside depuis septembre 2018 le comité Réassurance de l’Association Suisse d’Assurances ASA. Nous lui avons demandé de nous expliquer en quoi consiste la gestion des risques.

Mme Arquint, quels sont les principaux risques qualitative encourus par Swiss Re?

Nina Arquint: Pour faire court, nous nous occupons de tous les risques importants pour Swiss Re que nous ne modélisons pas avec notre modèle interne et que nous ne soutenons pas avec du capital. Concrètement, nous sommes responsables des risques émergents, réglementaires, politiques et opérationnels ainsi que de ceux relevant de la durabilité et de la sécurité de l’information, ceci à l’échelle du groupe. C’est donc un domaine très vaste et passionnant où nous nous occupons essentiellement du développement des conditions d’exercice et de ses répercussions sur l’industrie de l’assurance et le comportement humain.

Quels sont les risques les plus importants dont vous vous occupez actuellement?

Il y en a plusieurs. Avant tout et sans surprise, nos propres cyberrisques en font partie. Parallèlement à cela, nous nous occupons aussi beaucoup de la situation géopolitique et de ses conséquences sur le caractère transférable du capital et des risques au delà des frontières ainsi que de l’évolution du cadre réglementaire. Il s’agit là de facteurs de risques importants pour nous en tant que compagnie de réassurance exerçant au niveau mondial. La culture des risques de nos collaborateurs ainsi que la modification du paysage des risques, en particulier de celui des risques opérationnels, du fait de la transformation technologique constituent d’autres thématiques importantes actuellement au regard de l’environnement de marché plutôt tendu. Dans le domaine de la durabilité, l’accent est mis sur le changement climatique et les risques liés à la transition vers une économie dégageant moins de gaz à effet de serre.

Quels critères ou méthodes utilisez-vous pour évaluer les risques?

Dans le domaine de la gestion qualitative des risques, nous utilisons le même système de surveillance des risques que pour tous les autres risques. Les principales différences par rapport aux catégories de risques traditionnelles, comme les risques d’assurance, résident à mon avis dans le fait qu’en matière d’identification des risques, nous prenons davantage en compte l’évolution de l’environnement externe et son influence sur les facteurs de risques pour Swiss Re. En la matière, nous misons sur notre expertise et nos grandes capacités d’analyse. Par ailleurs, nous nous efforçons en permanence de recourir aux nouvelles technologies pour peaufiner notre analyse classique. Or, nous n’en sommes qu’à nos débuts. Une autre différence de taille réside dans la mesure des risques: la quantification de leurs répercussions sur nos affaires et nos résultats n’est pas toujours facile au regard des thématiques considérées. Sans compter qu’il y a pour le moment beaucoup moins de contrôles quantitatifs pour surveiller ces dernières, ce qui accroît encore leur complexité.

Nina Arquint, Head Group Qualitative Risk Management, Swiss Re

Nina Arquint, Head Group Qualitative Risk Management, Swiss Re

Imaginons que vous ayez identifié un risque. Comment procède alors Swiss Re?

Lorsque nous identifions un risque, la deuxième étape consiste à comprendre ses répercussions. Si le risque est élevé, nous nous demandons alors comment le minimiser, le contrôler et en rendre compte. En la matière, nous nous appuyons sur une répartition claire des rôles entre le preneur de risque et ceux qui sont chargés de sa surveillance. Dans le cadre d’un contrôle en trois étapes, le preneur de risque assume la surveillance ordinaire des risques. La deuxième étape est du ressort des organes indépendants de surveillance (gestion des risques et compliance). Et la troisième consiste en le contrôle indépendant effectué par la révision Interne.

La gestion des risques d'un assureur direct diffère-t-elle de celle d’un réassureur?

Je ne pense pas. Les grandes lignes de la gestion des risques sont les mêmes. Il y a des différences en ce qui concerne les risques concrets qui résultent notamment des différents modèles d’exploitation utilisés. La particularité de la réassurance réside dans la mondialisation de son activité, laquelle est inhérente à la diversification des risques. Sans cette mondialisation, il serait impossible d’assurer des risques extrêmes comme ceux liés aux catastrophes naturelles.