Po­li­tique mo­né­taire

L’abolition du cours plancher de l’euro et l’abaissement du taux d’intérêt par la Banque nationale suisse ont profondément modifié les conditions d’exercice des acteurs économiques. L’économie suisse témoigne d’une extrême robustesse en dépit de ces conditions. En général, les assureurs sont bien protégés contre les risques de change, et leurs portefeuilles contiennent peu d’actions. La faiblesse persistante des taux d’intérêt et les taux d’intérêt parfois négatifs s’avèrent très difficiles à gérer. Pour autant, les prestations et les promesses des assureurs à leurs clients ne sont menacées en aucune façon. Bien au contraire, les garanties offertes par les assureurs privés n’en sont que plus appréciables – par exemple en prévoyance professionnelle.

Le 15 février 2015, la Banque nationale suisse (BNS) a aboli le taux plancher de l’euro fixé à 1,20 franc. Dans le même temps, elle a abaissé de 0,5 point pour-cent le taux d’intérêt appliqué aux avoirs en comptes de virement qui dépassent un certain montant exonéré, lequel est passé à moins 0,75%. En outre, elle a réduit la marge de fluctuation du Libor à trois mois de moins 1,25 % à moins 0,25 %. Elle maintient ces taux négatifs afin de préserver le cours du franc.

Les valeurs et les prestations assurées ne sont pas menacées

L’actuelle politique des taux de la BNS ne menace aucunement les valeurs et les prestations assurées. Une telle situation souligne le rôle crucial des garanties uniques proposées aux clients par le modèle de l’assurance complète en prévoyance professionnelle, mais aussi en assurance vie individuelle. Les rendements des produits d’assurance-vie existants stagnent néanmoins à un niveau relativement bas. Toutefois, les personnes souscrivant aujourd’hui de nouvelles assurances-vie, lesdites affaires nouvelles, ne peuvent actuellement plus espérer qu’une rémunération marginale de leur capital, et encore.

Le secteur suisse de l’assurance privée est économiquement sain

Les entreprises du secteur suisse de l’assurance privée sont économiquement saines. En dépit de l’environnement économique actuellement défavorable, elles détiennent suffisamment de réserves pour honorer les prestations qu’elles ont garanties dans leurs contrats.

La gestion professionnelle des risques a porté ses fruits

La gestion professionnelle des risques relève du cœur de métier du secteur de l’assurance. Les actifs des assureurs sont proportionnels à leurs engagements – en volume et sur l’axe temporel. Les compagnies d’assurances ont accumulé suffisamment de capitaux (propres). Leurs placements sont largement diversifiés et généralement bien protégés contre les risques de change («gehedged»). Fin 2016, les «actions et placements analogues» représentaient à peine 3% des placements en capitaux des assureurs. La réglementation actuelle a fait ses preuves.

La réglementation et la surveillance doivent être appropriées

Point n’est besoin de renforcement ni d’obligations supplémentaires dans le droit de la surveillance. La libre entreprise et une certaine marge de manœuvre pour les compagnies d’assurances revêtent une importance capitale justement en ces temps difficiles. Tout excès de réglementation risque néanmoins à la longue de nuire gravement à la branche de l’assurance. Les exigences en fonds propres en assurance-vie sont bien plus élevées en Suisse qu’au sein de l’UE par exemple. Les coûts de réglementation et de surveillance ont nettement augmenté ces dernières années.

Problématique de la faiblesse persistante des taux d’intérêt

La faiblesse persistante des taux d’intérêt et les taux d’intérêt négatifs pénalisent l’assurance privée. Les assureurs ont du mal à générer les revenus nécessaires à partir de placements peu risqués. Ils sont obligés de corriger encore à la baisse leurs expectatives de rendement. Ils pourraient bientôt être amenés à devoir renoncer à leur offre d’assurances-vie traditionnelles. La part du troisième contributeur (les rendements des placements) reste minime.

Même rabaissé à 1 % pour 2017, le taux d’intérêt minimal LPP demeure trop élevé au regard de l’environnement des taux d’intérêt. Les assureurs réclament donc une réduction plus conséquente. La part du troisième contributeur (les rendements des placements) reste minime.

Un frein pour la croissance des assurances

La demande d’assurances complètes en prévoyance professionnelle demeure élevée, car celles-ci constituent une bonne alternative aux caisses de pension. Les assurances complètes réduisent le risque pour les assu- rés et leurs employeurs; cela compte double en ces périodes de morosité conjoncturelle, car les marges potentielles sont déjà faibles. Du fait de l’environnement de taux bas, de l’évolution démographique et des exigences élevées en fonds propres imposées aux assureurs, l’offre de solutions d’assurance valables en prévoyance professionnelle s’est réduite comme peau de chagrin.
Ce phénomène a entraîné un recul des recettes de primes en 2016, lequel devrait perdurer en 2017.

L’assurance de risque en vie individuelle demeure intéressante. En ces temps difficiles, elle peut offrir une sécurité accrue à l’assuré, son partenaire et sa famille. Du fait de la faiblesse des rendements, la demande d’assurances individuelles sous forme de capital ou de rente devrait rester modeste.

L’assurance de dommages dépend de l’évolution économique et du niveau de vie de la société, c’est-à-dire aussi des prix des biens immobiliers et des marchandises. Les recettes de primes dans ce domaine devraient poursuivre leur progression.

Ces dernières années, la réassurance a enregistré une belle évolution. Ces affaires tranfrontières ne dépendent pas autant de la politique monétaire de la BNS que celles des assureurs directs, mais évoluent plutôt en fonction des tendances et des développements de l’économie (financière) à l’échelle mondiale.

Les assurances s’efforcent d’améliorer leur efficacité et d’optimiser leurs processus internes. Par ailleurs, des adaptations sont régulièrement nécessaires du fait des mutations technologiques. Certains processus ont pu être externalisés à l’étranger afin d’économiser des coûts, ce qui s’est traduit Par des pertes d’emplois en Suisse.