La du­ra­bi­lité, un en­ga­ge­ment

Les questions de durabilité et de protection du climat sont de plus en plus souvent à l’ordre du jour des acteurs économiques et de la société. Non seulement, les assureurs suisses participent au débat autour de la finance durable, mais ils apportent une contribution importante à la réalisation des objectifs de durabilité pour la Suisse. Il s’agit notamment de la gestion des risques liés à la durabilité, des efforts en vue de l’atténuation des conséquences du changement climatique, de la réorientation des placements de capitaux vers des placements durables et de la promotion d’une utilisation responsable des ressources.

L’année dernière, le secteur de l’assurance a une nouvelle fois été confronté à des défis très exigeants au niveau opérationnel puisque son quotidien était dominé par la pandémie avec une troisième, puis une quatrième vague. En dépit de ce contexte, le secteur de l’assurance a réussi à faire avancer les différents aspects de la durabilité.

La stratégie de durabilité de l’ASAet rétrospective

Début 2020, l’ASA a élevé la durabilité au rang de ses priorités dans sa stratégie pour les années 2020–2024. Au cours de l’année passée, diverses instances de l’association, en particulier la commission Durabilité, ont arrêté des mesures afin d’accompagner la mise en œuvre de cette stratégie et de soutenir la transformation vers un fonctionnement économique plus durable.

« Dans notre secteur, la durabilité ne va pas encore de soi partout et doit donc être encouragée. »

Professeur David N. Bresch, Département des sciencesdes systèmes environnementaux, Institute for Environmental Decisions, Climat et risques climatiques, EPF Zurich

La protection du climat et l’adaptation aux effets négatifs du changement climatique sont à nouveau au premier plan de l’ancrage de la durabilité. Atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et ainsi limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré maximum constitue l’un des principaux objectifs de la Suisse en matière de durabilité écologique.

L’ASA partage cette ambition. En 2021, l’association a rejoint la Net-Zero Asset Owner Alliance (AOA) en qualité de supportrice. Ce réseau mondial d’investisseurs se fixe comme objectif de rendre leurs portefeuilles d’investissements neutres en carbone d’ici 2050.

Outre les risques naturels couverts par les assurances choses, d’autres risques majeurs préoccupent les assureurs privés. La pandémie de coronavirus a montré que les risques présentant une faible probabilité de survenance et un grand potentiel de dommages n’existent pas seulement en théorie.

Ils peuvent devenir réalité du jour au lendemain. C’est la raison pour laquelle, l’année dernière, les instances de l’ASA ont étudié de près la liste des dangers publiée en 2020 par l’Office fédéral de la protection de la population. Un groupe de travail a procédé à une analyse approfondie de chacun des risques mentionnés et en a déterminé l’importance pour le secteur de l’assurance.

Trois dangers nécessitant une action immédiate ont ainsi été identifiés : les pénuries d’électricité, les cyberattaques et les tremblements de terre ont des répercussions directes ou indirectes également sur les aspects écologiques et sociaux de la durabilité ; ces trois risques majeurs font donc l’objet d’un traitement particulièrement poussé au sein de l’association.

En prévoyance vieillesse aussi, l’ASA s’est fait fort au niveau politique de préparer la voie à une solution pérenne et engagée en faveur de la durabilité. Ainsi, elle soutient le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans décidé par le Parlement et inscrit dans la révision de l’AVS. Il s’agit là d’un pas important pour mieux sécuriser l’avenir de cette œuvre sociale et d’une contribution indispensable sur la voie de la durabilité financière.

Le monde du travail évolue à grande vitesse. La transformation numérique est l’un des principaux moteurs de cette évolution. Des facteurs externes comme une pandémie accélèrent encore ce phénomène. En s’appuyant sur les enseignements tirés jusqu’ici de la crise du coronavirus, l’ASA a identifié avec ses compagnies membres des champs d’action pour le monde du travail de demain. Il s’agit notamment de l’adaptation des textes juridiques afin de permettre l’émergence de nouvelles formes de travail et leur bon exercice dans des conditions fa-vorables.

« Si les assurances continuent de se développer de manière durable sur les plans écologique, social et économique, cela s’inscrit largement au bénéfice des générations futures. »

Antonio Hautle, Executive Director, Global Compact Network Switzerland & Liechtenstein

Les explications précédentes mettent en évidence la multiplicité des aspects de la durabilité traités par l’ASA. Les entretiens menés au cours de l’exercice sous revue dans le cadre d’un dialogue avec les parties prenantes confirment que, outre la durabilité financière et écologique, il convient également d’inclure dans la discussion des problématiques intergénérationnelles et des aspects sociétaux.

Dialogue avec les parties prenantes

L’idée d’une analyse approfondie de l’importance de ces questions est née dans le cadre des travaux pour l’élaboration du rapport 2020 sur la durabilité. Le secteur de l’assurance explore des thèmes économiques, écologiques et sociaux qui revêtent une grande importance pour une gestion durable des compagnies d’assurances concernées et de l’ensemble de la branche.

Réalisée pour la première fois au cours de l’exercice sous revue, l’analyse systématique des parties prenantes a contribué à la détermination des problématiques qui doivent être prises en compte par les cadres dirigeants et dans les rapports afin de contribuer au développement de la stratégie de durabilité de l’ASA.

« Aujourd’hui, le développement durable n’est plus considéré une idée avant-gardiste, mais comme la norme. »

Adèle Thorens Goumaz, Conseillère aux États, Parti écologiste suisse

Aux fins de préparation des entretiens, les objectifs de durabilité définis dans la stratégie 2020–2024 de l’association ont été combinés, évalués et examinés sous d’autres angles encore. Ces derniers comprenaient les réglementations pertinentes, des problématiques sectorielles comme la gestion des conséquences du changement climatique ou les attentes des organisations non gouvernementales à l’encontre du secteur de l’assurance ainsi que le contexte économique. Ont alors été pris en compte les normes de la Global Reporting Initiative (GRI), celles du contrat UN Global Compact précisant les Objectifs de développement durable (ODD) ou encore les principes pour une assurance responsable Principles for Sustainable Insurance (PSI).

Les thèmes ainsi rassemblés ont été regroupés en neuf thèses et ont servi de base de discussion lors du dialogue avec les parties prenantes. Les personnes interrogées ont été invitées à réfléchir à ces différentes thèses et à exposer leur point de vue individuel.

 

Thèses pour le dialogue avec les parties prenantes

 

  1. La durabilité revêt une grande importance pour le secteur de l’assurance, car les risques écologiques entraînent des répercussions directes sur leur cœur de métier.
  2. La durabilité en assurance ne doit pas se cantonner aux seuls aspects de l’écologie et du changement climatique.
  3. La durabilité relève d’une mission intergénérationnelle commune à la société, aux politiques et aux entreprises et qui doit reposer sur la responsabilité individuelle et le volontariat.
  4. Forts de leurs connaissances des risques, les assureurs sont en mesure d’apporter une contribution substantielle à cette transformation socio-écologique et technologique.
  5. La contribution du secteur de l’assurance à ladurabilité renforce la place économique Suisse.
  6. Le secteur de l’assurance a un rôle clé à jouer dans la réalisation des objectifs de l’accord deParis sur le climat.
  7. Le modèle économique du secteur de l’assurance est intrinsèquement durable, car il repose surle principe de solidarité qui se reflète dansl’assurance ainsi que dans la prévoyance vieillesse et constitue un élément central de la durabilitésociale.
  8. La Suisse et, par ricochet, le secteur suisse de l’assurance ont l’opportunité de jouer un rôle de pionnier pour les questions de durabilité, ce qui exerce également un effet positif sur leur réputation.
  9. Les solutions apportées aux difficultés soulevées par la durabilité poussent au changement et ne manqueront pas de modifier les conditions dans lesquelles la société et le secteur des assurances évoluent.

 

Les entretiens avec les parties prenantes ont fait l’objet d’une évaluation systématique, ce qui a permis d’identifier des attentes profondes et récurrentes. Sept thématiques principales (elles sont indiquées ci-après sans ordre de priorité) ont ainsi été dégagées :

 

  • Sens des responsabilités :
    Engagement du secteur de l’assurance en faveur de la prévention et d’un soin accru dans la gestion des risques sociaux, sociétaux et écologiques ainsi qu’au bénéfice de la préservation des ressources.
     
  • Principe de solidarité :
    Encouragement d’une société solidaire et équitable et d’une participation autodéterminée dans tous les aspects pertinents des opérations d’assurance.
     
  • Transformation :
    L’opinion publique attend du secteur de l’assurance qu’il favorise un impact écologique net positif et donc une future économie neutre en carbone.
     
  • Intégration des aspects de durabilité dans les affaires d’assurance et la gestion des risques :
    Prise en compte de normes de durabilité dans le cadre de la gestion des risques et de la souscription ainsi que de la définition des produits et du règlement des sinistres.
     
  • Intégration des aspects de durabilité dans les placements de capitaux :
    Engagement en faveur d’une prise en compte accrue des critères de durabilité dans les décisions des assureurs en matière d’investissement.
     
  • Protection des données et de la vie privée :
    Reconnaissance du droit à la sphère privée et à la protection des données afin de préserver et de promouvoir les valeurs et les droits fondamentaux des preneurs d’assurance, des collaborateurs et des partenaires commerciaux.
     
  • Attractivité du poste de travail :
    Conception de la politique de l’emploi et de la formation du secteur de l’assurance afin d’offrir des conditions de travail équitables et attrayantes et de contribuer à uneréelle durabilité pour les (futurs) collaborateurs.

Présentation du dialogue avec les parties prenantes

Objectif
Analyse et évaluation de thématiques liées à la durabilité et potentiellement pertinentes, ceci sous différentes perspectives, dans le but d’obtenir une image la plus complète possible des attentes à l’encontre du secteur de l’assurance et de leur impact sur l’économie, la société et l’environnement.

Période
Mars à juin 2021

Portée
Ont été interrogés des représentants des organisations suivantes : autorités suisses, chercheurs et scientifiques, politiques, compagnies membres, surveillance des marchés financiers, associations et initiatives, société civile, médias et investisseurs institutionnels.

Interviews
20 entretiens d’une heure

Méthode
Les personnes interrogées ont été priées de commenter, de compléter et d’évaluer les neuf thèses.